Article 8

Ismaël Lo : Un parcours exceptionnel au service de la musique africaine

Découvrez Ismaël Lo, le légendaire musicien sénégalais comme jamais !

Dans cette interview fleuve, exclusive accordée à l’autel des artistes sur Panam, l’élégant chanteur révèle les raisons de sa relative discrétion ces dernières années, replonge avec nous dans ses débuts dans la musique, raconte sa passion pour la guitare et l’harmonica depuis son jeune âge, et évoque également ses plus grands succès.

Le musicien aborde aussi les défis auxquels les artistes sont confrontés au Sénégal et en Afrique dans leur combat pour améliorer leurs conditions de vie et exprime son point de vue sur l’évolution de la scène musicale sénégalaise.

Enfin, Ismaël Lo révèle ses talents d’artisan et son amour pour la peinture, affirmant qu’il serait créateur et bricoleur s’il n’était pas musicien. Il conclut en soulignant le talent et la créativité de la génération actuelle d’artistes, tout en soulignant l’importance de faire des choix en fonction de leurs objectifs artistiques. Entretien.

Crédit photo : Festival Jazz à Saint-Louis (Edition 2023)

Bonjour Mr Lo et merci de nous recevoir pour cette interview ; comment allez-vous ?

Bonjour ; par la grâce de Dieu, je me porte à merveille. Comme vous pouvez le constater, je ne boite pas, je ne tousse pas, je suis en pleine forme (rires).

Christiane Calonne Festival Jazz à Saint Louis (Edition 2023)

Je vous remercie d’être là…

Monsieur Lo, vous étiez récemment dans la ville sénégalaise de Saint-Louis pour ouvrir l’édition 2023 du festival international de jazz. Mais avant cela, vous avez quelque peu disparu de la scène et tout le monde se demandait où vous étiez ?

Ismaël Lo est là ! C’est vrai qu’il n’y a pas eu de récente tournée nationale, pas de sortie d’album non plus...

Mais on se remet encore de 2 années de pandémie où tout tournait au ralenti. Il faut un peu de temps pour totalement se remettre. Je comprends donc que le grand public me sente absent.

Je dois aussi avouer que de nature, je suis aussi quelqu’un d’un peu discret et effacé. Je ne fuis pas les médias, mais je ne suis pas forcément friand des sorties en radio, télé ou encore des publications sur les médias sociaux ; tout cela contribue à laisser l’impression que je suis absent.

Je réponds tout de même aux invitations à travers le monde, quand j’en ai l’occasion. Au Sénégal, on peut me reprocher de ne pas assez jouer sur les scènes locales, mais les gens oublient que je l’ai fait avec le Super Diamono dans des club comme le Balafon, le Sahel ou encore le Kilimandjaro. On jouait tous les soir de 23 à 4 heures du matin, avec un seul jour de repos par semaine.

Malgré la discrétion, votre nom résonne à l’échelle continentale. Tout le monde sait qui est Ismaël Lo. Comment cette aventure a-t-elle commencé ?

Je commencerais par rendre grâce à Allah pour cela ! Je dois aussi remercier mon équipe, mes musiciens, ma maison de disque…

Quand tu démarres une carrière, il y a une forte passion et un plaisir immense qui t’habitent, mais il y a aussi l’énergie positive que tous ces gens autour de toi te communiquent pour te donner l’envie d’aller encore plus loin.

Tout a commencé très tôt ; je me suis initié à la guitare dès l’âge de 7 ans et parallèlement, j’ai appris à jouer de l’harmonica, mon jouet favori.

Mon père a été le premier à m’offrir des harmonicas quand j’étais tout jeune et plus tard, je m’en procurerai avec mon propre argent.

Un jour, j’ai eu l’idée de faire de la guitare et de l’harmonica en même temps ; pour y parvenir, j’ai fixé mon harmonica contre le mur à l’aide de 2 clous et entre les mains, j’avais la guitare.

Ce n’était pas très confortable, mais j’ai aimé la combinaison et j’ai fait du mur, mon tout premier public (rire).

Comme je suis quelqu’un de très manuel, je fabriquerai moi-même mon premier support d’harmonica pour avoir plus de confort en jouant des 2 instruments de façon simultanée.

Un jour, un grand-frère du nom de Tidiane Diop, établi à Valence (Espagne), m’offrira mon premier porte-harmonica. C’était sans doute le plus beau cadeau de ma vie…

J’ai commencé à jouer dans les cours, les jardins, à la maison, jusqu’au jour où un autre grand-frère, du nom de Cheikh Baka Guissé, homme de médias, détecte mon talent et décide de me faire passer à la télévision.

J’avais terriblement peur en franchissant le seuil du studio de la Maison de la Radio au boulevard de la République à Dakar, ce jour-là.

Je suis passé sur l’émission télé-variété de Maguette Wade (paix à son âme). C’est un homme qui a beaucoup œuvré pour les musiques sénégalaises et africaines.

Antan, les gens ne suivaient que la télévision nationale et son émission culte était un vrai tremplin pour nous les artistes ; après mon premier passage, il m’a invité bien d’autres fois et j’y allais toujours avec joie.

J’ai commencé à passer à la radio nationale sénégalaise (RTS) et j’y ai rencontré des personnes comme Ahmadou Ba, Demba Dieng qui deviendra mon voisin, Abdel Kader Dioané et tant d’autres…

Je n’étais mu que par ma seule passion en ce temps, et je ne savais même pas que c’était une carrière qui se dessinait. J’ai eu mes premières dates dans des villes comme Kaolack, Thiès, Ziguinchor ou encore Dakar, et j’ai commencé à m’habituer à la scène.

Plus tard je rencontrerai le Super Diamono, grâce à un promoteur commun, Modou Gueye. On jouait en Gambie et je passais sur scène pour 30 minutes pendant les pauses de l’orchestre.

Des fois ils m’accompagnaient pendant mes prestations lors de leurs pauses et une connexion s’est ainsi créée ; j’étais fan du groupe et j’ai commencé à travailler avec eux, même si d’aucuns pensaient que ce n’était pas une bonne idée et que je devais continuer en solo avec ma guitare. En vrai, pour moi c’était une opportunité de gagner en expérience auprès de musiciens talentueux.

On a cheminé 3 à 4 années ensemble et quand je suis revenu à Dakar, j’ai poursuivi ma carrière en solo, encadré par des personnes que je n’oublierai jamais, notamment Mamadou Konté du Festival Africa Fête, qui m’apprendra à être plus vigilent sur les clauses de mes contrats. Il y aussi eu Ibrahima Sylla qui s’occupait de mes albums. J’ai été encadré très tôt.

Voici un peu le récit de mes débuts…

Ismaël Lo, une grande carrière s’est finalement écrite et vous avez enregistré des succès incroyables. Qu’est-ce que ça vous fait de réécouter vos propres tubes, notamment « Tajabone », sans conteste le plus célèbre ?

« Tajabone » m’émeut et me fascine ! Je dois vous avouer que je chéris mes chansons comme mes enfants ; j’en ai écrit beaucoup comme « Ale Lo » ou encore « Fa Diallo ».

Mais à sa parution, « Tajabone » a connu un succès énorme. Le parcours du morceau a été assez unique parce qu’au Sénégal dont la scène était fortement dominée par le mbalakh, le titre n’était apprécié que des connaisseurs au départ. Il a dû faire le tour du monde pour revenir finalement en triomphe ici.

Ce morceau a été une victoire pour la musique folk locale et pour ses tenants qui ont dû résister aux tendances pour continuer de faire vivre le genre ; je pense à des précurseurs comme Seydina Insa Wade (paix à son âme).

« Tajabone » était si demandé que des fois je m’en lassais même. Quand je proposais à mon manager de le retirer de la playlist de certaines de mes performances live, pour lui c’était un crime…

« Tajabone c’est ta carte d’identité », me rappelait-il, et il était tout heureux de me voir interpréter le morceau à chaque fois.

Je ne peux que rendre grâce à Dieu qui a permis que cette composition devienne un tube planétaire. « Tajabone » est mon enfant le plus brillant !

Je suis rempli d’admiration quand je vois toutes ces personnes des 4 coins du globe qui le reprennent. Une fois je suis tombé sur la vidéo d’une asiatique qui l’a brillamment interprété avec une petite mise en scène sympathique et j’ai poussé une joyeuse exclamation. Je ne savais pas que cette œuvre écrite devant le portail de mon humble demeure irait si loin autour du monde.

Mais il y a aussi d’autres titres à succès, notamment « Jammu Africa » que beaucoup appellent souvent « Africa » à cause du refrain. J’ai plusieurs chansons avec le mot « Africa » dans leurs intitulés ; il y a « Sunu Africa » ou encore « Africa Démocratie » dont je n’ai pas réalisé le clip.

Il faut dire qu’ici, le grand public ne suit que les morceaux qui ont des clips ; il est rare de voir des gens acheter un album et le suivre en entier. 60 à 70% des personnes se contentent de ce que la radio diffuse ou quand ils veulent acheter nos musiques, ils prennent des disques piratés à bas prix.

C’est vrai qu’initialement, on n’écrit pas pour l’argent, mais ces mauvaises habitudes des consommateurs ne facilitent pas notre métier.

Aujourd’hui j’écris moins ; avec le temps qui passe, toutes ces heures d’avion et de route cumulées, ces changements de plats, de villes de langues, on se fatigue, on vieillit…

Je comprends ces artistes qui prennent des années sabbatiques pour se refaire. C’est un peu mon cas d’ailleurs. Depuis un moment, je m’impose du repos, même si par moment, je monte sur scène pour me faire plaisir.

Je suis vraiment fier de la collection d’œuvres que j’ai construite et heureux de constater que je suis l’un des artistes africains les plus repris à travers le monde.

Monsieur Lo, vous parliez tout de suite de « Jammu Africa » ; pouvez-vous revenir sur l’histoire de cette chanson qui est quasiment devenue un hymne pour l’Afrique ?

Crédit photo Lionel Flusin

Oui Lamine, « Jammu Africa » est effectivement devenu un hymne pour notre continent !

Je l’ai écrit pour la bande originale d’un film réalisé par Drissa Ouedraogo qui n’est plus de ce monde lui aussi (paix à son âme).

Au cœur de la chanson, dans le refrain plus précisément, j’ai juste mis le mot « Africa » que j’ai chanté très langoureusement, et dans les couplets, j’ai écrit tout ce que le continent m’inspirait en ce temps.

Aujourd’hui la chanson est utilisée dans des reportages au sujet de l’Afrique, on la joue dans des rencontres internationales dédiées au continent ou pour accueillir des invités des 4 coins du monde au Sénégal.

Je rends vraiment grâce à Dieu parce que pour moi, ces succès ne signifient en rien que je suis meilleur que les autres. Nous artistes, avons bien conscience qu’autour de nous, il y a parfois des personnes plus talentueuses encore, mais c’est Dieu qui nous permet d’avoir une position spéciale ou privilégiée. Tout est une question de chance…

Le succès de nos œuvres, nous le devons aux gens qui acceptent de nous écouter, à notre public. Voilà pourquoi je dis qu’il faut toujours leur accorder de l’attention, ne jamais les mépriser car sans eux, on n’aurait jamais de succès.

C’est vrai que des fois c’est difficile de les gérer tous, comme quand ils viennent en masse après les concerts pour les autographes et les photos, et qu’ils t’envahissent (rires) mais tout cela fait plaisir et c’est cela la vie d’artiste.

Pour revenir à « Jammu Africa », il faut dire que la chanson est toujours d’actualité plus de 25 ans après sa sortie. J’y parlais de paix et aujourd’hui encore l’Afrique en a besoin. Vivement que le message passe…

Ismaël Lo, vous avez aussi une grande histoire avec le cinéma. Voulez-vous nous la raconter ?

Parlant de cinéma, hier seulement je suivais un documentaire sur Ousmane Sembène qui aurait eu 100 ans cette année s’il était encore vivant (paix à son âme).

J’étais triste de suivre le programme car c’est quelqu’un que j’ai connu, c’était notre voisin à Yoff et c’est lui qui m’a introduit dans le monde du cinéma.

Il réalisait un film sur l’époque coloniale et il y avait dans son scenario, un personnage dénommé « tirailleur harmonica » ; il fallait pour ce rôle, un joueur d’harmonica. Après des tests peu convaincants avec 2 ou 3 personnes, il m’a fait appel. Il m’a fait écouter une grande joueuse d’harmonica de l’époque coloniale et m’a demandé si je pouvais interpréter ses œuvres.

Je lui ai dit qu’avec un peu de temps, je pouvais reproduire les sons mais dans une autre gamme. Il m’a laissé travailler et j’ai transposé les morceaux dans les gammes qui m’arrangeaient le plus. Quand je lui ai fait la restitution de mon travail, il était aux anges.

Il m’a finalement donné le rôle, mais le plus difficile a été de me convaincre de me raser la tête, parce que j’avais une jolie coupe afro. Pour interpréter le rôle du soldat, j’ai dû raser mes cheveux – malheureusement je n’étais pas encore bien encadré en ce temps, que j’aurais demandé un dédommagement pour cela (rires).

Mais plus sérieusement, j’ai gardé des souvenirs indélébiles de ce moment. J’ai rencontré des personnes spéciales comme l’acteur Sidi Bakaba, ou encore Zao qui est artiste chanteur comme moi. On a aussi bénéficié d’une formation militaire de 10 à 15 jours, je n’oublierai jamais…

Un jour, Ousmane Sembène m’a demandé après un tournage d’aller lui acheter du mouton dans une rôtisserie à côté, j’ai accepté de le faire et quand je lui ai tendu la main pour prendre l’argent de la course, il m’a répliqué que je devais le faire de ma propre poche.

Je l’ai fait 2 fois et on a sympathisé ; pour ce film-là, nous sommes allés en Tunisie et là-bas, il m’a confié la mission de réaliser la bande originale avec une instrumentation bien simple, juste l’harmonica, une trompette et un tambour. C’est ainsi qu’on a réalisé la bande son du film sur le camp de Thiaroye.

Après cette aventure, j’interviendrai sur de nombreux films, notamment Afrique mon Afrique d’Idrissa Ouedraogo, ou encore Tableau Ferraille de Moussa Sène Absa.

Je ne dirais pas pour autant que j’ai eu une carrière de cinéma, quoique j’ai joué des rôles principaux dans 3 films et j’ai assuré la musique de 2 d’entre eux.

À l’international des propositions m’ont également été faites pour des rôles, mais je n’ai jamais adhéré aux scenarios parce qu’il y avait des aspects qui ne m’arrangeaient pas comme jouer nu, faire le méchant ou me faire embrasser.

Monsieur Lo, vous avez identifié plus haut, des problèmes auxquels les musiciens sont confrontés au Sénégal (parlant de piraterie). Dans ce contexte difficile, vous faites tout de même partie de ceux qui ont réussi et vous êtes pour cela, un véritable modèle. Comment y êtes-vous parvenu ?

Il faut de la patience, de la persévérance et du temps ! Vous avez remarqué que le long de cet entretien, j’évoque des noms de personnes toutes disparues.

C’est pour vous signifier que tout ça ne s’est pas construit en un jour. Des années se sont écoulées, j’ai rencontré de nombreuses personnes, j’ai passé plusieurs étapes et Dieu merci, aujourd’hui je vis de mon art, mais pas seulement…

J’investis également dans d’autres domaines, notamment l’éducation. J’ai fondé une école qui est dirigée par Madame Lo, mon épouse.

Ce n’est pas facile pour de nombreux artistes et je sais combien il est difficile d’entretenir une notoriété.

Nous avons un métier qui nous oblige des fois à montrer que tout va bien. Pour cela, on a la tentation de miser sur le paraître : acheter de grosses cylindrées, prendre des gardes du corps, montrer des signes ostentatoires d’opulence. Mais derrière cela, de réelles misères se cachent souvent.

On les découvre quand l’artiste tombe malade et qu’il faut une quête ou une lettre à des autorités pour avoir de quoi le soigner. Tout cela est bien dommage…

Je rends grâce à Dieu si je peux être considéré comme un modèle de réussite dans ce contexte, ce n’est vraiment pas facile. Je ne peux que remercier une nouvelle fois mes fans, parents, amis, voisins, proches et toutes ces personnes qui continuent de nous soutenir encore et encore.

Monsieur Lo, la question du statut de l’artiste est un combat mené depuis quelques années l’Association des Métiers de la Musique au Sénégal (AMS). On ne vous entend quasiment pas en parler, quel est votre point de vue sur ce sujet ?

Je suis pourtant membre de l’AMS et y a bien longtemps déjà, j’ai fait de l’activisme avec Ben Loxo et bien d’autres organisations.

Je soutiens l’AMS parce que le combat qu’elle mène, c’est pour notre bien être à nous, artistes.

Je vous ai évoqué ici, toutes les difficultés que nous connaissons à vivre de nos créations…

Mais il y a quand même une chose qui me gêne ; c’est cette soif de régner qui s’invite bien souvent dans ces organisations et qui les détournent de leur but initial. On est unis au départ pour la même cause, mais un jour les intérêts personnels s’invitent et prennent le dessus. Dernièrement, j’ai suivi Omar Pène qui en parlait encore…

Nous sommes un pays de plus de 17 millions d’habitants et il est inconcevable qu’un artiste ne parvienne pas à écouler au moins 10 000 albums. Pourtant si les choses marchaient bien, nous serions des opérateurs économiques influents car les Beattles ou Mickael Jackson ailleurs, ont contribué de façon très significative à l’économie de leur pays.

Mais ici, ta musique est certes appréciée mais peu achetée, et le plus scandaleux, c’est qu’au bout de la rue, tu as celui qui trafique tes albums et les vend en toute illégalité sans rien craindre du tout. Des fois il vient même te les revendre…

Ce serait bien de s’unir pour cette cause-là, afin que l’on mette sur pieds un mécanisme juridique qui puisse véritablement défendre nos droits.

Mr Lo, si vous n’étiez pas musicien, que feriez-vous ?

Tu vois cet aquarium là-bas ? c’est moi qui l’ai fabriqué ! Il y a dans la cour, des tables et autres meubles que j’ai moi-même faits. Aussi tous ces tableaux que tu vois sur les murs, c’est moi qui les ai peints. Je suis l’architecte de ma maison !

Je suis peintre avant d’être musicien et je sais faire beaucoup d’autres choses de mes mains. Je fais de la plomberie, de la menuiserie, je suis aussi agriculteur à mes heures perdues…

J’envisageais même de faire des expositions de peinture en marge de mes prestations musicales mais ça n’a jamais été évident de les organiser, car la vie de musique exige énormément de temps.

Si je n’étais pas musicien, je serais artisan dans un sens très large du terme – un créateur/bricoleur qui innove et crée des choses utiles pour lui-même et pour les autres.

Enfant, je rêvais aussi d’être douanier. C’était le métier de mon père et je voulais l’embrasser pour lui ressembler.

Pour finir, quel regard portez-vous sur la nouvelle scène sénégalaise ?

C’est une scène en pleine évolution ! Il faut dire que la musique est devenue quelque peu facile maintenant avec tout ce qui est logiciel de traitement rapide et intelligence artificielle.

Tu as quelques petites minutes pour arranger et programmer un morceau, et très vite tu le partages sur les réseaux sociaux qui peuvent t’assurer une grosse visibilité.

Antan, il fallait des jours et des nuits en studio pour la production et il fallait ensuite courir derrière les professionnels des médias pour la promotion.

Il y a tellement de facilités aujourd’hui, mais je conseillerais quand même aux jeunes de ne pas totalement y céder. Il faut aussi être un peu perfectionniste et ne pas toujours emprunter les raccourcis. Il faut prendre le temps nécessaire pour peaufiner sa musique et ses textes.

Après, tout est une question de choix aussi ; il y a ceux qui optent volontairement pour de la musique facile afin de gagner plus rapidement de l’argent et pouvoir se reposer très vite, et je les comprends. Il y a aussi ceux qui se concentrent et prennent leur temps pour produire des œuvres intemporelles, c’est aussi un choix appréciable.

Mais il faudra retenir que nous avons des jeunes très talentueux et créatifs. Dernièrement j’en ai écouté un dont j’ai oublié le nom et dans son clip, j’ai reconnu le saxophoniste Alain Oyono. C’était du très bon travail !

Ils ont tous tendance à s’orienter désormais vers l’afrobeats nigérian ; c’est de la musique facile mais très commerciale et c’est peut-être bien pour leur permettre de vivre de leur art.

Ceux qui veulent faire de la musique de prestige aussi c’est bien, mais c’est sûr que ce ne sera pas immédiatement rentable…

https://www.facebook.com/ismael.lo.777

https://www.madminutemusic.com/artistes/ismael-lo-2/

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